Guinée: Au cœur de l’insertion socio-professionnelle des migrants de retour

  • INTEGRA au cœur de l’insertion socio-professionnelle des migrants de retour


Le programme d’appui à l’intégration socio-économique des jeunes (INTEGRA), financé par l'Union européenne, contribue à l’insertion sociale et professionnelle de milliers de jeunes en Guinée, y compris les personnes migrantes de retour. À l’occasion de la journée internationale des migrants (le 18 décembre), INTEGRA met en lumière l’un des parcours d’intégration proposé à ces derniers, celui mis en œuvre par l’agence belge de développement - Enabel.
L’Organisation Internationale pour les Migrants définit la migration irrégulière, appelée aussi clandestine, comme « un mouvement contrevenant à la réglementation des pays d’origine, de transit et de destination ». Un migrant peut être entré dans le pays avec de faux papiers, résider dans le pays en violation des conditions de visa (ou de permis de résidence), ou être employé de manière irrégulière.
Le phénomène de migration irrégulière s’est fortement accentué ces dernières décennies. Les causes en sont multiples : précarité, crises politiques sur le territoire d’origine, inégalités économiques et sociales, conditions climatiques et sanitaires parfois extrêmes, catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique…
Bien qu’il soit difficile de connaître la cause principale de départ des migrants, les données recueillies par Enabel dans le cadre du programme INTEGRA nous laissent penser qu’elle est d’ordre économique pour 72% des Guinéens.  D’autre part, 74% des migrants subsahariens se dirigent vers les pays de la CEDEAO, bien loin du stéréotype de l’Eldorado occidental et 3,5 millions de Guinéens vivent au Sénégal.

Un contexte socio-économique déficient

La Guinée compte environ 13 millions d’habitants dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté mondial.  L’accès aux services sociaux de base est très restreint pour la majeure partie des Guinéens. Le chômage est un fléau qui touche la jeunesse et les femmes, rendant les perspectives d’emplois pérennes très faibles. Dans ce cadre économique précaire, le recours à la migration clandestine s’offre comme une issue à de nombreux jeunes désirant changer le cours de leur destin.
« Je suis un migrant de retour, j’ai vécu pendant huit mois en Algérie. J’ai choisi de voyager à cause des difficultés quotidiennes, notamment à cause du manque d’argent et de mes relations difficiles avec mes parents. J’ai donc pris la décision de quitter mon pays à l’âge de 19 ans. J’ai traversé le Mali par le désert, puis arrivé en Algérie, j’ai trouvé un emploi dans une fabrique de briques en ciment. J’avais besoin d’argent pour subvenir à mes besoins donc je n’ai pas hésité une seconde malgré le fait que je sois mal payé. Le patron employait déjà un employé vieillissant donc je représentais pour lui une main d’œuvre jeune et moins chère. Néanmoins, j’ai apprécié ce travail car il m’a permis de survivre pendant une longue période. »
Bah Mamadou Sadjo – 22 ans, migrant de retour – bénéficiaire du programme INTEGRA

L’historique du programme INTEGRA

En 2015, la Commission européenne a lancé le Fonds Fiduciaire d'Urgence (FFU) sur les migrations. Ce fonds prévoit des actions en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique. La Guinée a été déclarée éligible au FFU depuis février 2017. Depuis lors, l'UE et les autorités guinéennes ont commencé à mettre sur pied un vaste programme de réintégration des migrants de retour et d'insertion socio-professionnelle durable des jeunes Guinéens (INTEGRA) d’une enveloppe globale de 65 millions d’euros.
Ce programme de réintégration est exécuté conjointement par la GIZ, le CCI et Enabel, et développé prioritairement sur l’axe géographique Conakry-Labé. Les actions menées par Enabel et ses partenaires que sont le PNUD et l’UNCDF s’articulent autour de : Les opportunités de réussite locale

Le programme INTEGRA mis en œuvre par l’agence Enabel a pour objectif l’insertion socio-professionnelle de 1950 migrants de retour. Depuis le début du programme en 2018, ce sont 866 jeunes migrants de retour qui ont bénéficié d’un appui dans leurs projets professionnels. Ce chiffre devrait doubler en 2022. Ces jeunes ont suivi un programme de formation de neuf mois leur permettant de développer des compétences dans des métiers d’avenir.
« Quand le programme INTEGRA est arrivé à Pita cela a été pour moi une opportunité pour renforcer mes compétences. J’ai décidé de me consacrer à la formation « en semaine », ce qui me permet d’allier théorie et pratique : ma formation chez INTEGRA et mon stage chez mon mentor qui est maitre plombier m’ont permis d’acquérir le métier et des compétences dans le domaine de la plomberie. Cela m’a demandé beaucoup de courage mais je suis déterminé à réussir chez moi, en Guinée. Aujourd’hui, grâce à Dieu et au programme INTEGRA, je décroche même des petits contrats dans ma communauté et ça me rend fier. Je participe aux cotisations sociales dans ma famille. Désormais ma mère et mes oncles me voient comme un jeune sur lequel la famille peut compter.
Bah Mamadou Sadjo – 22 ans, migrant de retour – bénéficiaire du programme INTEGRA
 
Des partenaires mobilisés pour lutter contre les causes de la migration irrégulière

Dans le cadre du programme INTEGRA, financé par l’Union Européenne, cinq agences dont Enabel, le PNUD et l’UNCDF contribuent à œuvrer pour toucher différentes cibles, notamment des jeunes de 18 à 35 ans peu alphabétisés, en leur permettant d’obtenir des apports financiers.

Les chiffres clés de la migration chez INTEGRA sur la composante ENABEL 

  • 1528 jeunes bénéficiaires -soit 73% des adhérents au programme ont été sensibilisés aux dangers de la migration irrégulière, à l’approche psychosociale et aux opportunités locales d’insertion professionnelle.
  • La réalisation d’infrastructures socio-économiques par des entreprises locales
  • La création d’emplois à travers des parcours d’intégration et de formation
  • La stimulation de l’accès des jeunes à un coaching entrepreneurial et aux produits financiers appropriés
  • La sensibilisation des populations aux risques de la migration irrégulière
  • 1659 migrants guinéens ont été identifiés dont 866 intégrés au programme.
  • 72% sont des migrants économiques.
  • 23% des migrants sont des femmes.
  • La migration vers les pays de la CEDEAO constitue 74% des flux migratoires guinéens.

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