On définit
chirurgie de district comme la pratique des actes chirurgicaux qui se réalisent dans un hôpital de premier recours et ayant un accès limité à des services
spécialisés (dans des milieux souvent isolés et/ou dans lesquels les moyens
humains, matériels et techniques sont limités). Les formations en chirurgie de
district ont vocation à permettre à un-e médecin qui n’a pas reçu de formation
chirurgicale classique d’acquérir les techniques appropriées afin de sauver la
vie de ses patient-e-s, de soulager leur douleur, d’empêcher l’apparition de
complications sérieuses ou encore de stabiliser leur état dans l’attente d’un
transfert.
Au Burundi, il y a
peu de chirurgien-ne-s. Dans les districts sanitaires du pays, les hôpitaux de
référence sont censés offrir un paquet complémentaire qui comprend la chirurgie
générale. Malheureusement, les médecins qui y exercent n’ont pas les
compétences requises et les hôpitaux ne sont pas suffisamment équipés. En
d’autres termes, les hôpitaux font face à une mission à laquelle ils ne
savent/peuvent répondre. Or un district est dit fonctionnel s’il dispose d’un
hôpital capable de répondre aux besoins des patient-e-s référés du 1er
niveau des soins, les centres de santé (CDS).
Les
formations en chirurgie de district s’inscrivent dans l’objectif du programme
Twiteho Amagara d’améliorer l’accès à des soins de santé complets à la
population avec une qualité des services améliorée. Ce résultat s’aligne à la
politique nationale du MSPLS dans le PNDS III, « contribuer à la réduction
de la mortalité, des handicaps et invalidités évitables par l’offre et
l’utilisation des services de santé de qualité à toute la population qui en a
besoin ».
Une
synergie a été créée entre le programme Twiteho Amagara, financé par l’Union
européenne et le programme PAORC de la coopération bilatérale belge pour
mutualiser les ressources afin de mettre en place un programme de formation
continue aux médecins de districts en améliorant leurs compétences chirurgicales
à tous les districts sanitaires du Burundi. Il s’agit de former pour chaque
hôpital un-e médecin généraliste, un-e technicien-ne anesthésiste et un-e
infirmier-ère du bloc opératoire. En effet, pour obtenir des résultats probants,
il est indispensable de former des équipes multidisciplinaires pour couvrir
l’ensemble des compétences nécessaires à la chirurgie.
Cette activité comprend
(i) une formation de formateurs et formatrices sur la pédagogie appliquée, (ii) une
harmonisation des approches pratiquées (iii) l’élaboration d’un guide de
formateurs et formatrices, (iv) une formation théorique sur 2 semaines pour les
infirmier-ère-s & anesthésistes et 4 semaines pour les médecins et (v) une
formation pratique sur cinq mois in situ, dans un hôpital de district offrant un
environnement de travail conforme à un hôpital de district.
En prélude des
formations, chacun des cinq consortia qui composent le programme Twiteho
Amagara équipe les hôpitaux de sa zone d’intervention afin de les mettre aux
normes permettant de répondre à cette nouvelle compétence.
Le processus est implémenté
avec l’appui organisationnel de l’Institut National de Santé Publique (INSP) capable
de certifier les formations, ce qui est un point positif non négligeable et une
motivation pour les personnes formées. Les participant-e-s à la formation sont sélectionnés
en collaboration avec la direction du MSPLS en charge de l’organisation de
l’offre des soins.
La
formation en chirurgie de district est une activité ambitieuse, qui fait face à
de nombreux défis d’organisation de coordination et de mutualisation des
ressources. Le processus implique en effet de multiples acteurs et actrices. Néanmoins,
on observe face à ces défis des équipes motivées et optimistes quant au succès
de l’activité. Nul doute que cette activité de formation en chirurgie de
district va contribuer à la réduction des décès évitables, des séquelles et des
invalidités liées à des traumatismes ou des urgences obstétricales.
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