Le CEG de Malam Koira est un collège rural de la commune de
Falwell dans le sud-ouest du Niger. Créé en 2014 avec peu de moyens, l’établissement
n’avait pas encore eu l’occasion de faire ses preuves. C’était jusqu’à cette
année puisqu’avec des résultats impressionnants au BEPC, le collège vient se
classer deuxième de la région de Dosso. Le CEG Malam Koira totalise en effet
100% de réussite pour les filles et 92% pour les garçons inscrits à l’épreuve.
Cette remontée fulgurante est le fruit d’un processus entamé
il y a plusieurs mois. De l’avis de tous, c’est le comportement même des filles
et de la communauté vis-à-vis des études qui a changé. La réussite scolaire est
valorisée et cela donne le courage nécessaire aux élèves pour étudier. La
motivation est le premier pas vers le succès de ces jeunes ! Mais qu’est-ce
qui les motive ?
Un lieu d’étude
équipé et sécurisé
En milieu rural, certains élèves sont parfois contraints de
s’éloigner du village pour pouvoir effectuer tranquillement leur révisions.
Cette pratique comporte un risque pour leur sécurité, plus particulièrement en
ce qui concerne les jeunes filles, et peut donc s’avérer décourageante. Pour
remédier à cette problématique, le projet Sarraounia a mis en place une action
pilote : la construction de cases d’étude au niveau de villages et
collèges. Elles représentent un espace sécurisé permettant aux élèves de faire
l'expérience inédite de la fréquentation d'une bibliothèque.
Le CEG de Malam Koira bénéficie ainsi de sa propre salle
d’étude en matériaux définitifs et reliée à l’électricité grâce à des panneaux
solaires. La case contient quantité de livres d’exercices, manuels scolaires,
dictionnaires ou encore romans mais également un tableau. Des séances de
remédiations y sont organisées et les élèves peuvent venir lire et réviser,
seuls ou en groupe.
Narba Oumarou Souley qui a obtenu son BEPC à l’écrit nous
raconte : « L’année dernière
j’ai échoué au BEPC mais cette année j’ai étudié plus et j’ai réussi. Je viens
d’un autre village à 8 km d’ici. Après les cours, je vais à la case d’étude
jusque 18h puis je rentre à la maison et je travaille encore un peu. J’utilise
beaucoup les annales avec les anciennes épreuves et les corrections. On fait
des groupes, on fait les exercices des annales et puis on les corrige ensemble
au tableau de la case d’étude. Quand je fini les révisions, je lis des
romans. »
Un appui aux
enseignants
Les enseignants sont en première ligne non seulement pour
transmettre leur savoir mais également l’envie de réussir. Ils ont donc eux
aussi été soutenus afin de pouvoir exercer leur profession dans de meilleures
conditions. Ceux-ci ont bénéficié de formations et de matériel pédagogiques. « Pour les sciences, on a reçu du
matériel, nous explique Saley Idrissa professeur de mathématiques et de
sciences. Nous avons également reçu la
visite d’un laborantin venu faire des démonstrations et des expériences devant
les élèves. À l’examen, une question a été posée sur une de ces expériences.
Avec ce qu’ils ont vu de leurs propres yeux, de façon concrète, ils ont pu
répondre au questionnaire. Le fait d’avoir fait des TP a donc directement
contribué à leur réussite au BEPC. »
Des stagiaires
modèles pour inspirer les jeunes élèves
Au-delà de ces deux facteurs, c’est aussi et surtout la
sensibilisation des jeunes filles et de leurs parents qui a eu un effet positif
sur les résultats de cette année. Pour la première fois, en partenariat avec l’Ecole
Normale d’Instituteurs de Dosso, des enseignantes stagiaires se sont rendues
dans les collèges d’intervention. Pendant deux mois et demi, elles y ont
sensibilisé la population à propos de la réussite scolaire et appuyé les élèves
dans les cases d’étude. Cela a eu un impact certain sur les jeunes filles qui bénéficiaient
à la fois d’un modèle et d’un mentor vers qui se tourner en cas de difficulté.
Boubacar Ibrahim Bozari, directeur de l’ENI nous
confie : « Au départ, on se
demandait quel apport nous pouvions faire. Mais lorsque les stagiaires sont
arrivées, elles nous ont téléphoné pour nous dire qu’elles étaient restées à la
case d’étude avec les collégiennes jusque 23h. C’était nouveau, inédit. Ce qui
a fait le succès de la sensibilisation c’est que les enseignantes stagiaires
étaient des femmes. Cela a rassuré les parents et surtout les mères pour
laisser les filles. Elles ont appuyé, elles ont travaillé ensemble avec les
filles pour apprendre leurs leçons, faire leurs exercices.
À la fin du stage,
lors de l’évaluation, on a eu la confirmation du changement de comportement des
filles en classe. Elles donnaient l’impression d’être plus intéressées aux
études. Notamment en math et en français, on a vu que la participation de la
classe a changé. Même au niveau des évaluations, ils ont constaté le
changement. Maintenant, après les résultats du BEPC, je suis convaincu. L’amélioration
est claire et nette. On est surpris et dépassé par les résultats. »
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