Le programme d'appui au développement agricole
s'est impliqué dans la productivité des cultures vivrières au Kasaï-Oriental et
dans la Lomami.
S’il est bien connu que le
triptyque sol, plante et climat, associé à la gestion des maladies et des
prédateurs sont parmi les conditions majeures de l’amélioration de la
productivité des cultures, la question de la qualité des sols agricoles se pose
avec beaucoup d’acuité dans les provinces du Kasaï-Oriental et de la Lomami, au Centre-Est de la RD Congo.
En effet, cette zone est couverte
par des savanes à Hypparhennia dans la province de la Lomami et plutôt
par l’Imperata dans le Kasaï Oriental. La présence de l’Imperata est un indice de sol dégradé et
acide.
Par ailleurs, des analyses de
sols ont montré que les sols agricoles des territoires de Ngandajika, Luilu et
Kamiji étaient de type limon-sableux et limon-sableux léger avec un pH qui
varie de 4,2 à 5,4. Tandis que ceux des territoires de Lupatapata, Miabi et
Tshilenge étaient de type sable fin avec un pH compris entre 4 et 4,3.
C’est ainsi que ces sols acides
pauvres en matière organique et en éléments minéraux, sont peu favorables aux
cultures vivrières. De ce fait la productivité de la culture du maïs, aliment
de base dans cette région, est plutôt aléatoire.
Pour faire face à cette
problématique de la qualité des terres cultivables, le programme a choisi de
proposer des alternatives agro-écologiques qui améliorent la qualité des sols
et qui permettent aussi d’accroître le rendement du maïs.
Parmi ces méthodes, il y a :
la préparation du sol sans usage de feu,
l’association du maïs avec une
légumineuse et la jachère
améliorante avec également une légumineuse qui donne plusieurs effets
sur la culture de maïs.
Ces pratiques apportent plusieurs
effets bénéfiques à la culture du maïs, notamment : la fixation de l’azote opérée par la
légumineuse, une bonne couverture
du sol qui réduit ainsi l’impact des plantes adventices et facilite les
travaux de sarclages, la production et
la libération de la biomasse par la légumineuse, qui améliore la texture
du sol.
Les plantes utilisées comme engrais verts,
sont notamment :
Mucuna pruriens :
cette plante rampante mais susceptible de s’accrocher sur d’autres végétaux
avec ses vrilles, est semée 30 jours après le maïs, pour éviter qu’il n’étouffe
ce dernier en s’enroulant autour ;
Mucuna est utilisé aussi en jachère
améliorante, pour plusieurs raisons afin de favoriser entre autre la production des graines servant à
la multiplication et à la diffusion auprès des agriculteurs et pour
assurer le développement, la
couverture totale du sol qui a pour effet d’étouffer les plantes
adventices, telle que l’Imperata
cylindrica ;
Là où le Mucuna se développe et grâce à sa couverture totale du terrain,
aucune autre graminée ne peut se développer.
La
couverture du sol par les feuilles mortes
qui constituent un bon humus, améliore la texture du sol, développe le complexe
argilo-humique et se dégrade de manière progressive en éléments minéraux.
Cette
litière morte permet également de faire ensuite un semis sous couvert végétal
(SCV) du maïs, sans labour, permettant ainsi de réduire les opérations de
préparation du sol et d’entretien du champ.
L’expérience de l’organisation paysanne de
base (OPB) Kahuma dans le Territoire de Ngandajika a démontré que la qualité des matières organiques, produites
et déposées par le Mucuna contribue
richement aux cultures suivantes :
Vigna
unguiculata (niébé) :
Cette légumineuse alimentaire est semée 7 jours après le semis du maïs. Il
produit un effet immédiat sur la culture de maïs, car son cycle végétatif est
plus court ;
Arachis
hypogea (arachide) :
Elle est semée également 7 jours après le semis du maïs. Elle a également un effet immédiat sur la
culture de maïs, grâce à l’azote atmosphérique qu’il fixe avec ses nodosités,
comme le niébé.
Les dates de semis des
différentes légumineuses par rapport au semis du maïs ont été déterminées après
plusieurs essais sur terrain, dans les parcelles expérimentales paysannes
réalisées par les agriculteurs regroupés au sein d’organisations paysannes de
base (OPB).
En dehors du Mucuna qui n’est pas une plante alimentaire, le niébé et l’arachide
permettent aux agriculteurs de tirer un meilleur profit du champ grâce aux deux
récoltes simultanées qui permettent plus de revenus et une grande sécurité
alimentaire.
Dans le but de diversifier
l’offre des légumineuses pouvant être utilisées comme engrais verts en raison
de leur disponibilité dans différents milieux et dans leurs effets sur les sols
et les rendements, le pois carré
(Psophocarpus scandens)
qui couvre bien le sol a également été essayé lors de la première saison de
culture de A 2016.
Le rendement moyen du maïs en association avec
les légumineuses était le suivant : 903 kg/ha avec l’arachide ; 960
kg/ha avec le mucuna ; 936 kg/ha avec le pois cajan ; 972 kg/ha avec
le pois carré contre 869 kg/ha dans les parcelles témoins mises en culture
selon les pratiques locales.
L’association du Mucuna et du pois carré au maïs semble donner des différences de
rendement intéressantes par rapport aux pratiques locales, sans compter les
effets bénéfiques sur la fertilité
du sol pour les cultures qui suivront
sur le même terrain.
Les essais vont se poursuivre sur ces plantes qui
sont intéressantes pour les petites exploitations agricoles, qui augmentent les
productions et qui protègent l’environnement, pour une exploitation durable de
la ressource « sol ».
Stanis MATIA
Responsable PRODAKOR
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