Vers une restauration durable des terres au Burkina Faso

  • Enabel au Burkina Faso contribue aux ambitions du pays sur la Neutralité en matière de Dégradation des Terres (NDT)

En décembre dernier, une délégation d’Enabel au Burkina Faso conduite par le Project Manager du Portefeuille Thématique Climat Sahel – Volet Burkina Faso, Nonla Cyrille KONÉ, et accompagnée par le consortium Solidar Suisse et l’Association Béog-Nèré Agroécologie ont effectué une visite terrain des aménagements de conservation des eaux et des sols dans le village de Songretenga, situé dans la commune rurale de Andemtenga, région du Centre-Est.
L’objectif de la visite ? Constater l’état d’avancement des travaux entamés dans le cadre des activités du Projet Rilgré, financé par la Belgique à travers Enabel, à hauteur de 1 246 316 400 FCFA (1 900 000 EUR).

Au Sahel, la pratique de l’agriculture n’est pas chose aisée au regard des conditions agroclimatiques et environnementales. Les terres sèches et compactes sont difficiles à travailler pour les agriculteurs démunis. Face au problème de dégradation des terres, une technologie, la charrue Delfino, permet aux agriculteurs de réduire la pénibilité du travail et de remettre en état leurs terres. La technique consiste à retourner les sols endommagés et secs à une profondeur d’au moins 50 cm afin de la rendre plus perméable et faciliter l’infiltration des eaux de pluie dans le sol. Cela permet de conserver l’humidité des terres et de semer ou planter des espèces adaptées permettant ainsi sa récupération.

Le village de Songretenga compte plus de 130 hectares de terres extrêmement dégradées et inexploitables par les agropasteurs. Cette technique, première du genre dans ce village, selon ses habitants, vient à point nommé pour les accompagner dans leurs efforts de lutte contre le changement climatique constaté à travers la dégradation avancée des sols sur plusieurs centaines d’hectares.

Le représentant du Chef du village et porte-paroles des agriculteurs, M. Idrissa COMPAORÉ, s’est réjoui de cet accompagnement de la Belgique en ces termes :« Nous exprimons notre joie sur le fait qu’Enabel soit venue nous aider à restaurer nos terres jadis cultivables. La dégradation du sol a créé un manque criant de terres cultivables constituant ainsi une source de conflit entre agriculteurs. Notre joie s’explique par le fait que cette technique de restauration de nos terres va nous éviter désormais les conflits autour de la terre. Un proverbe moaga dit ceci : "Une terre dégradée que l’on restaure devient une source de vie bénéfique pour toute la communauté." Nous apprécions également l’approche participative utilisée par Enabel. Lorsque nous avons constaté la profondeur des labours effectués à la machine, nous avons compris que c’est un sérieux travail qui nous permettra réellement de restaurer nos terres. Nous pourrons désormais nous entendre tous et faire une répartition adéquate des terres. Toutes les terres qui seront restaurées seront une propriété publique et commune. Nous garantissons que leur répartition pour l’exploitation agricole se fera de façon communautaire sous la supervision du Chef du village. Aussi bien les habitants autochtones que les personnes déplacées internes (PDI) qui ont trouvé refuge chez nous, en bénéficieront pour mener des activités agricoles. En concertation avec la communauté, le Chef du village va coordonner la bonne répartition qui puisse satisfaire aux besoins de tous, y compris les PDI qui sont vulnérables, car ceux-ci ont besoin de notre soutien. Nous pouvons dire que désormais, les petites querelles autour des terres agricoles sont finies car il y aura suffisamment de terres cultivables pour tous et toutes. ». 

Cette action ne fait pas seulement la joie au sein des hommes. Les femmes disent attendre impatiemment le retour à la normale de leurs terres qu’elles ont perdues à cause de la dégradation. Martine TIRAOGO, porte-parole des femmes du village de Songretenga :« Nous les femmes, remercions de tout cœur Enabel pour cette technologie qui va permettre de restaurer nos terres cultivables. Nous attendons impatiemment cette restauration pour pouvoir cultiver afin d’avoir de quoi nous nourrir. Nous pourrons également récolter et vendre les fruits de nos champs pour subvenir à d’autres besoins. Nous souffrons sérieusement de la dégradation de nos sols, un phénomène qui nous empêche d’avoir de grandes superficies fertiles pour cultiver. C’est pourquoi nous sommes très heureuses du travail que cette charrue a déjà entamé. Nous sommes convaincues que la technique va nous aider considérablement à avoir des superficies arables et il ne nous restera qu’à nous mettre au travail. Avec cette technique de la charrue, nous aurons des terres cultivables propres à nous, nous pensons augmenter ainsi nos rendements agricoles et avoir plus de ressources financières». 

Les attentes sont communes pour tous les acteurs : pouvoir récupérer toutes les terres dégradées et améliorer les productions agricoles pour une autosuffisance alimentaire. Il s’agira aussi pour les populations d’améliorer leurs conditions de vie et contribuer quotidiennement à la protection et à la sauvegarde d’un écosystème durable. 

Au total, la Belgique envisage de restaurer 2 650 hectares de terres dégradées dans 13 communes des régions du Centre-Est, du Centre-Nord et du Plateau central.

  • Enabel au Burkina Faso contribue aux ambitions du pays sur la Neutralité en matière de Dégradation des Terres (NDT)
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