Burundi: Capitalisation des expériences de la digitalisation dans le domaine de la santé

  • Capitalisation des expériences de la digitalisation dans le domaine de santé au Burundi


La digitalisation des services des soins aux différents niveaux du système de santé est d’un apport capital pour améliorer la qualité des prestations. Elle vient améliorer la gestion des hôpitaux et des centres de santé sous tous les angles de vue et les avantages sont nombreux : l’amélioration de la qualité de la documentation clinique, la diminution du volume de données sur papiers, un meilleur accès aux données sanitaires, l’amélioration de la thérapie et la référence des malades, augmentation des recettes financières collectées, la traçabilité du circuit du patient, l’accès facile aux dossiers des malades et leur bonne conservation, la bonne gestion des stocks des médicaments, etc.

C’est dans ce cadre que différents acteurs de la santé au Burundi (services du Ministère de la santé, partenaires au développement qui appuient le système de santé aux différents niveaux, acteurs privés qui offrent des services informatiques, etc.) se sont réunis en atelier à Gitega, capitale politique du Burundi,  jeudi et vendredi 24 et 25 février 2022 pour partager leurs expériences dans la digitalisation des services hospitaliers et des centres de santé, analyser les résultats obtenus, les défis rencontrés et stratégies futures de la mise à échelle des expériences afin d’appuyer la digitalisation au sein du secteur de la santé du pays.

Jusqu’aujourd’hui, 17 hôpitaux ont été digitalisés de 2015 à 2020, 7 sont en cours de digitalisation, un budget déjà disponible pour 7 autres hôpitaux notamment grâce à l’appui d’autres acteurs comme les ONG internationales Cordaid (6) et Word Vision (1). 4 autres hôpitaux et 13 CDS seront aussi digitalisés prochainement sur financement propre du Gouvernement du Burundi.

Les différents acteurs en appui à la digitalisation des services des hôpitaux, des centres de santé et des services de santé à base communautaires sont unanimes sur le fait que la digitalisation a amélioré non seulement les conditions de travail des prestataires de soins mais aussi l’accès des patients aux soins de qualité.

Cette grande rencontre multipartenaire a été une occasion pour le coordonnateur des projets santé d’Enabel de porter à la connaissance des tous les acteurs en place que la digitalisation des formations sanitaires a été une des priorités des projets santé d’Enabel. Pour les hôpitaux et les centres de santé où Enabel a commencé respectivement depuis 2015 et 2020-2021, les résultats sont remarquables. Une occasion aussi de plaider auprès du Ministère de la santé publique et de la Lutte contre le Sida pour la suppression de la double saisie des données sanitaires qui se fait jusqu’ici à la fois sur papier et en électronique, étant donné que la digitalisation répond à ce besoin de faciliter le travail des prestataires. Cette suppression concernerait surtout les registres et le rapport mensuel du Système d’Information sanitaire SIS.

Les échanges ont permis de dégager la diversité des systèmes de gestion sanitaire digitalisés promus par différents acteurs et les participants estiment qu’il faudrait dans l’avenir une plateforme commune qui engloberait et gérerait tous ces différents systèmes de digitalisation et ainsi centraliser les données sanitaires. Il a aussi été constaté que la digitalisation complète d’un centre de santé tourne autour de 9300 EUR avec une possibilité d’aller en deçà si on réfléchit à des stratégies et méthodologies permettant d’optimaliser les coûts (organisation des formations, type de matériel utilisé, etc.), une preuve que la digitalisation complète de tous les services médicaux est possible au Burundi.

Des défis à la digitalisation et des solutions


Il est aussi important de signaler que les défis ne manquent pas dans ce processus de digitalisation des structures de soins. Pour n’en citer que quelques-uns, on observe en effet une grande mobilité du personnel formé sur les modules de digitalisation ce qui crée un vide ou un besoin de formation continue pour le nouveau personnel. Les équipements ne sont pas assez autonomes en énergie pour faire face aux coupures de courant électrique fréquentes dans beaucoup de régions du pays. Il n’existe pas une plateforme digitale pour centraliser toutes les informations provenant de différents systèmes digitaux au service de la communauté dans le domaine de la santé.  

A l’issu des deux jours de réflexion et d’échanges d’expériences, les acteurs de la santé au Burundi ont dégagé quelques recommandations pour contourner les défis rencontrés dans ce processus mais aussi rendre complète la digitalisation des hôpitaux et centres de santé. Il s’agit entre autres :

  • De mettre en place un document de stratégie nationale de maintenance des équipements.
  • De la suppression de la double saisie des registres et du rapport mensuel SIS.
  • D’adopter l’interopérabilité des systèmes digitaux existants au Burundi dans le secteur de la santé comme principe sine qua none.
  • De mettre en place une plateforme digitale centrale qui permet de connecter toutes les autres applications digitales exploitées dans le secteur de la santé.
  • De renforcer les capacités des prestataires de santé en matière de digitalisation des services des soins à travers un apprentissage en ligne ou à distance, etc.  

Cet atelier de capitalisation organisé par le Ministère de la santé publique et de la Lutte contre le Sida a été financé par Enabel à travers le projet Twiteho Amagara et le projet d’appui au SIS (PAISS4). 

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