Stephanie EECKMAN | 16/02/2016
La jeunesse et l'agriculture: deux défis
majeurs pour le Niger de demainComme dans la plupart des
pays africains, l'exode des jeunes ruraux demeure une problématique majeure au
Niger. La majorité des agriculteurs nigériens dépendent de la production de mil
et de sorgho, mais le rendement de ces cultures n'a pas augmenté au cours des
trente dernières années. En outre, la production de ces céréales reste
insuffisante pour couvrir la période de soudure - la période entre la fin de la
consommation de la récolte de l'année précédente et la récolte de l’année suivante.
Bien que cette période dure généralement de juin à septembre, elle peut être beaucoup
plus longue, à l’instar de ces dernières années, en raison de l'augmentation de
la sécheresse. En bref, les terres au Niger sont de moins en moins rentables, alors
que les villages n'ont pratiquement pas d'autres moyens de gagner leur vie. En
raison de la faiblesse des secteurs industriels et de services au Niger, le
chômage des jeunes demeure très élevé. La jeunesse, notamment celle en milieu
rural qui dépasse largement de moitié celle de la totalité du pays (83 %
selon UNFPA en 2010), est donc en proie à l’inquiétude.
Dans ces conditions, l’attrait
des villes et des pays étrangers (Nigéria, Europe) est très fort chez les
jeunes ruraux. Aujourd’hui, plus que jamais, ceux-ci attirent irrésistiblement
les jeunes en raison des commodités et opportunités qu’elles offrent. Les conséquences
négatives de cet exode sont toutefois nombreuses. En outre, la production
agricole dans les villages baisse, puisqu’ils se vident de leurs bras valides. « Sans
effort supplémentaire, le Niger restera un pays en position d’insécurité
alimentaire quasi permanente »,
affirme Kader Niaoné, Coresponsable du Programme PAMED.Soutenir les jeunes agriculteurs, une
voie qui sortira le Niger des cycles récurrents de crises alimentaires.Cette insécurité alimentaire
chronique est liée à plusieurs causes, dont la faiblesse d’investissements dans
l’agriculture, l’insuffisance de l’encadrement des acteurs du secteur, le
difficile accès aux financements... C’est pour cette raison qu’à travers le Programme
d’appui à la mise en place des entités décentralisées dans la région de Dosso
(PAMED), la CTB travaille en étroite collaboration avec les collectivités
territoriales et les communautés locales de la région de Dosso.
Sous l’impulsion des
communes et à travers l’aménagement de sites maraîchers, par exemple, et l’encadrement
de proximité, le Programme a réussi à convaincre les jeunes de rester dans
leurs villages après la récolte principale pour s’adonner aux cultures
maraîchères de contresaison, qui ont grandement amélioré leurs conditions de
vie. En développant une culture parallèle et/ou complémentaire à la culture des
céréales, les producteurs sont plus à même d’absorber les chocs en cas de crise
alimentaire grâce à la consommation ou à la vente de leurs produits.
« Au départ, je partais dès l’annonce de la période
de soudure pour revenir dès l’annonce de la période des pluies. J’ai suivi ce
mouvement pendant des années », déclare Yahaya Harouna, 36 ans, un habitant de la commune rurale de Douméga. « Mais, cette année, grâce à la vente
des pastèques, j'ai gagné beaucoup plus que l’année dernière. »
Yahaya cultive des tomates,
des choux, des laitues, des oignons et des pastèques, pour ne citer que cela, sur
une partie du site maraîcher du groupement Fodi. « Moi, je ne partirai pas. Le maraîchage et la production de
contresaison sont plus rentables », affirme-t-il. « C’est le soutien de la CTB à l'aménagement du site et l’échange
de savoirs et de pratiques avec les autres membres du groupement qui fait la
différence pour moi. »
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Niger NER1003011