Trois questions pour comprendre l’ouverture de bandes pare-feu comme outil de résilience

  • Trois questions pour comprendre l’ouverture de bandes pare-feu comme outil de résilience

A l’instar des autres pays du Sahel, le Niger fait face à une dégradation de son environnement qui augmentent les risques de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et la pauvreté de sa population particulièrement en milieu rural. Dans ce pays où l’élevage agro-pastoral est dominant, l’utilisation du pâturage naturel et la mobilité des troupeaux sont les pratiques dominantes (transhumance et nomadisme).

Malheureusement, chaque année, à la fin de la saison des pluies, des milliers d’hectares de ce pâturage sont perdus à cause des feux de brousse.  En l’absence de mesures de lutte préventive, les feux de brousse constituent un fléau qui, en quelques heures, peut détruire des milliers d'hectares de pâturages.  Pour le combattre, dès les années 1970-90, l’Etat mobilisait des moyens conséquents notamment à travers les services forestiers. Entre 1990 et 2010, les interventions structurelles de l’Etat ont progressivement laissé la place aux interventions ponctuelles des projets de développement.  

Comment fonctionne l’activité d’ouverture de bandes pare-feu ?

L’ouverture des bandes pare-feu est une méthode préventive de la lutte contre les feux de brousse au Sahel. Elle consiste à tracer des bandes de longueur variable et de 15 à 20 mètres de largeur orientées perpendiculairement à la direction du vent dominant de la saison sèche. Les bandes ainsi tracé débarrasser ces bandes de toute végétation, souche et matière inflammable. Dans la zone traversée par des bandes pares-feux, le pâturage naturel est protégé contre les feux de brousse. Et en cas de feux, les bandes serviront de lignes d’attaque pour endiguer la propagation de l’incendie.

L’ouverture des bandes peut se faire avec des engins comme la niveleuse ou manuellement dans une approche de Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO). L’Approche HIMO adoptée par le PRADEL permet la création d’emploi temporaire pour la population locale qui fournit la main d’œuvre. Toujours dans la démarche du PRADEL, la paille labourée sur les bandes pare-feu est ramassée et stockée par les populations locales.

Elle est vouée à être utilisée pour l’alimentation du bétail en période de soudure. À cette époque de l’année, le pâture est rare et difficile d’accès pour les ménages pastoraux pauvres alors que les prix des aliments de bétail flambent. Avoir la paille disponible et à proximité leurs permettra de l’acquérir a un prix social. La  vente de la paille et la gestion des recettes sont assurées par un comité de gestion mis en place en amont. Ces activités aident les populations à se familiariser à la gestion communautaire de leurs biens.

Comment l’argent gagné est-il utilisé ?


Les recettes issues de la vente de la paille labourée sera utilisée à 50% pour la reconduction de l’opération, 30% pour la création d’une banque d’aliment bétail ou d’autres activités génératrices de revenus au profit des communautés et 20% pour la gratification des membres des comités de gestion.

Du côté des travailleurs, cette activité est prise comme une véritable source de revenus, en particulier pour les femmes qui peuvent ainsi satisfaire beaucoup des besoins sociaux de leur famille (nourriture, habillement, contribution aux évènements tels que le mariage, baptême, etc.).

Comment cette activité contribue-t-elle à la résilience des communautés?


Sur le montant total des revenus issus de leurs travail, les équipes doivent consentir à réinvestir au moins 10 % dans une activité de groupe de leur choix. En l’occurrence, c’est l’embouche, méthode qui consiste à engraisser le bétail en le faisant paître, qui a été retenue.

Cette initiative de réinvestissement est une approche nouvelle. Jusqu’ici, les travailleurs dépensaient tous les revenus issus des bandes pare-feu et attendaient ensuite la prochaine campagne alors que d’autres partaient en exode en dehors du pays. À travers cette orientation vers la gestion communautaire, le PRADEL espère favoriser l’autonomie individuelle et collective des travailleurs et donc leur résilience en période de soudure et de crise. Cette activité a enfin pour vocation de renforcer la cohésion et l’entraide sociale au sein des villages et ainsi prévenir d’éventuels conflits.

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