Stephanie EECKMAN | 23/08/2017
Il est 9 heures
du matin et le soleil est déjà haut dans le ciel de Boulkagou, un village à
environ 120 kilomètres de Niamey. Dans le Centre de Santé Intégré, un groupe de
femmes attend avec beaucoup d'impatience l’arrivée de la sage-femme. Il est
vrai que les choses ont bien changé à Boulkagou. Avant l’intervention de la
CTB, ces femmes devaient se rendre à Gothèye pour se faire soigner, faire appel
à des agents de santé mobiles circulant à moto dans cette région désertique ou
acheter des médicaments vendus dans les rues.
L'ouverture du
Centre de Santé Intégré, en mauvais état depuis des années, leur permet enfin
d'avoir accès à des soins de santé de qualité. Les locaux ont été entièrement
réfectionnés et les conditions de travail se sont nettement améliorées. Mieux
encore, la case de santé de ce village a, en plus des travaux de réhabilitation,
été équipé en matériel et a bénéficié d'une moto. « Avant, nous n'avions ni table de consultation, ni lit d'accouchement,
ni matériel de consultation prénatale et nourrisson. Et voilà que maintenant,
la CTB vient de mettre à notre disposition tout ce matériel », témoigne
Issaka Tahirou, infirmier de Centre de Santé Intégré.
En plus du
matériel, la petite pharmacie du centre de santé a été garnie en produits
pharmaceutiques essentiels. Avec ces nouvelles conditions de travail, la
fréquentation de la case de santé a augmenté. « Ce dernier trimestre, nous avons enregistré pas moins de 4.004
consultations», affirme Issaka. « des
chiffres pareils témoignent de la pertinence d’une telle initiative ».
En effet, des
centres de santé équipés dans une zone comme celle de Boulkagou, c'est plus
qu'une nécessité. Dans l'organisation pyramidale du système de santé au Niger,
les Centres de Santé Intégrés constituent la structure de base offerte aux
communautés villageoises pour leur procurer les premiers soins médicaux. Ils
jouent le rôle de dispensaire et assure, avec un équipement minimum, les soins
de santé primaires: consultation curative, vaccination et le planning familial,
la consultation prénatale et l’accouchement. Les 15 structures réhabilitées,
soutenues et approvisionnées par la CTB à travers le Projet d’Appui au
Renforcement du Système de Santé du Niger (PARSS) améliorent donc
considérablement l’accès à des soins de qualité pour plus de 90.000 habitants
des régions de Maradi, Zinder et Tillabéri, en particulier en termes de
protection maternelle et infantile.
Contribuer à
réduire la mortalité maternelle et néonatale
« Accoucher au Niger apporte souvent une grande
souffrance. J'ai rencontré d'énormes difficultés par le passé et j’ai déjà
perdu 8 enfants. Lorsque j’ai accouché de mes derniers jumeaux, je me suis
rendu ici et sans l’intervention du docteur je n’aurais peut-être pas
survécu. Sans ce centre de santé,
j'aurais dû me rendre à 45km d’ici pour recevoir les soins dont j’avais besoin.
Même en louant la charrette de mon voisin, un tel voyage serait très difficile.
Au moins maintenant, nous avons tout sur place et les soins sont de bonne
qualité. » (Mariama, 35)
« La région est classée comme une région
pauvre », explique Issaka « Et la pauvreté est très associée à la
santé maternelle. Beaucoup de mères ont des problèmes de reproduction. Nous
voyons de nombreuses urgences obstétricales parce que les femmes vivent si
loin, et, en cas d'urgence, les entraîner ici devient un défi » .
« Au Niger, comme beaucoup de pays africains,
la femme est responsable de sa famille. C'est elle qui s'occupe des enfants,
nourrit la famille et veille à ce que la famille soit saine », nous
confirme Dr Soumana Adamou Hamma, responsable national du projet PARSS. « La plupart de nigériens vivent dans des
zones rurales et là, nous ne disposons pas d'installations de santé adéquates,
de sorte que les femmes doivent parcourir de très longues distances pour
rechercher des services de santé. Et c'est encore pire quand elles sont
enceintes. Trop souvent, elles accouchent à la maison, peut-être avec une
sage-femme traditionnelle, peut-être avec une belle-mère ou avec une voisine.
Donc, quand il y a des complications, elles ne savent pas quoi faire et la
femme est en risque de mourir », explique-t-il. «Nous mettons l'accent sur la fréquentation et surtout les soins aux
femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans ».
À l'heure
actuelle, la principale cause de mortalité maternelle au Niger est
l'hémorragie. «Nous détenons le taux de
fécondité le plus élevé au monde avec 7 enfants en moyenne par femme. Il est
clair que cela entraine souvent des complications à l'accouchement. Les femmes
saignent à mort pendant ou après l'accouchement parce qu'elles ne peuvent pas
atteindre les établissements de santé. Pourtant, accoucher dans un centre
médical est fondamental pour la santé de la mère et du nouveau-né. », nous
dit Dr Hama, « C’est bien pour cela que
nous sommes en partenariat avec le gouvernement nigérien, pour nous assurer que
les services peuvent atteindre les mères et les enfants là où ils se trouvent
».
Chiffres
clés :
- Le taux de mortalité maternelle au Niger se situe
quant à lui à 553 décès pour 100.000 naissances vivantes , tandis que le taux
de mortalité infanto-juvénile s'élève aujourd’hui à 26.8 pour 1.000 naissances
vivantes.
- Seulement 39.7% des accouchements sont assistés
par du personnel formé.
Le Projet d'Appui au Renforcement du Système de
Santé (PARSS) appuie les système de santé nigérien à travers des
investissements en infrastructures et équipements. Il s’agit notamment de la
construction de 4 hôpitaux de district, la transformation de 15 cases de santé
en centres de santé intégrés et un appui à l’organisation des consultations
foraines et mobiles pour atteindre les populations résident dans des zones
reculées .
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