Paul Guy COUMBASSA | 07/03/2022
En Guinée, Enabel travaille avec de jeunes Guinéen·nes sans emploi et des personnes migrantes qui sont retournées dans leur pays. Si certains tentent de rejoindre l’Europe, 75% d’entre eux préfèrent migrer vers les pays voisins ou le Maghreb. Rien qu’au Sénégal, pays limitrophe de la Guinée, on compte quelque 3,5 millions de Guinéens.Ces jeunes ont quitté leur pays principalement pour des raisons économiques, mais sont revenus après un voyage de plusieurs mois ou années. De retour, ils sont complètement démunis, désillusionnés et souvent honteux que leur voyage n’ait pas eu l’issue don’t ils avaient rêvés.UN NOUVEAU DÉPARTLa Coopération belge au développement veut offrir à ces jeunes un nouveau départ : ils·elles reçoivent une formation professionnelle et un soutien financier pour lancer leur propre entreprise. Cela leur redonne confiance en leurs propres capacités : Ils· elles sont financièrement indépendants et peuvent également subvenir aux besoins de leur famille.En offrant aux jeunes une formation qui correspond aux besoins du marché du travail, ils sont moins susceptibles de partir dans l’espoir d’une vie meilleure, et ils peuvent contribuer à l’économie de leur propre pays. Une économie plus performante, à son tour, entraînera une amélioration des soins de santé, des infrastructures et de l’éducation, et aboutira à une société plus forte et tournée vers l’avenir.En cinq ans, Enabel, en collaboration avec l’agence de développement allemande GIZ, le Centre du Commerce International CCI, le Fonds d’équipement des Nations Unies FENU et le Programme des Nations Unies pour le développement PNUD, ambitionne de donner du travail à 15 000 personnes. L’Agence belge de développement se concentre sur les personnes peu qualifiées âgées de 18 à 35 ans. 6.000 jeunes, don’t 2.000 migrants de retour, recevront un accompagnement complet pendant 9 mois. Une vingtaine de formations sont proposées, telles que plombier, électricien ou maçon. Ces formations techniques sont d’abord organisées dans les chantiers écoles, puis elles deviennent des formations à part entière. Des cours d’alphabétisation et des formations financières sont également proposés.LE MOT À DIRE DES GUINÉENS DE RETOUR AU PAYSMamadou Bah est un jeune homme de 22 ans.Il a quitté la Guinée à l'âge de 19 ans à la recherche d'un avenir meilleur.« J’ai décidé d’émigrer à cause des difficultés quotidiennes ici en Guinée : je n’avais pas d’argent et mes relations avec ma famille étaient très tendues. Je me suis rendu au Mali, puis j’ai traversé le désert jusqu’en Algérie. J’ai facilement trouvé du travail dans une cimenterie et j’y suis resté pendant 8 mois. Le salaire était très bas, mais je n’avais pas le choix et j’ai accepté le travail, j’avais besoin d’argent pour survivre. Mon objectif était d’aller en Europe. Enfant, j’ai toujours voulu aller en Allemagne. Mais ce rêve s’est effondré lorsque les autorités algériennes m’ont arrêté et renvoyé au Niger. J’ai été enfermé pendant cinq mois dans un centre de transit pour immigrants illégaux. Je voulais appeler mes parents et leur demander de m’envoyer de l’argent pour que je puisse tenter à nouveau de me rendre en Europe, mais j’ai finalement abandonné et décidé de revenir en Guinée.Une fois rentré, les amis et la famille se moquaient de moi. Cela a été un coup très dur psychologiquement et n’a pas rendu la réintégration facile. J’ai décidé de suivre une formation de plomberie et j’ai rejoint le projet d’Enabel.. J’ai combiné la formation avec mon stage pratique de plombier : une combinaison intense mais j’étais déterminé à réussir !La formation m’a amené là où j’en suis aujourd’hui : j’ai un métier, et je décroche déjà des petits boulots ici et là en tant que plombier, ce qui me rend très fier ! Je peux contribuer à la sécurité sociale de la famille et je sens que leur opinion sur moi est en train de changer : ils voient maintenant que je suis un jeune entrepreneur sur lequel ils peuvent compter. »Aissatou Barry, femme de 35 ans.À travaillé plusieurs années en Mauritanie mais est revenue pour sa famille.« Je suis partie en Mauritanie en 2005 et j’y suis restée pendant 7 ans. Le voyage n’a pas été facile, je n’avais ni carte d’identité ni passeport. J’ai fait un dangereux voyage via le Sénégal, en traversant le fleuve jusqu’en Mauritanie. Les passeurs nous ont dit d’attendre après 22 heures pour traverser. Mais la police maritime a repéré notre bateau et nous a ramenés au Sénégal. Nous avons réessayé quelques heures plus tard et cette fois nous avons réussi à atteindre l’autre rive. Nous y sommes restés deux jours dans un hangar sombre, sans nourriture. Nous avons attendu une voiture pour nous emmener à la capitale Nouakchott. Une fois sur place, de nouveaux défis m’attendaient : je ne comprenais pas un mot d’arabe, ce qui a rendu mon intégration très difficile. La première année, je n’ai presque jamais quitté la maison. J’ai suivi une formation de coiffeuse, puis de couturière, et j’ai trouvé du travail dans un atelier de couture. Mais après sept ans, ma mère me manquait trop et je voulais retourner dans mon pays natal pour revoir ma famille.De retour chez moi, je me suis inscrite au programme de formation d’Enabel. J’ai vu beaucoup d’autres femmes y participer et j’ai trouvé que c’était un bon moyen de trouver du travail ici et de travailler sur mon avenir. J’ai suivi des cours d’alphabétisation et une formation pour devenir vitrier. J’espère vraiment créer ma propre entreprise à l’avenir, car cela me permettrait d’être indépendante et de m’occuper de mes trois enfants. »LE PROJET EN CHIFFRES CLÉSDurée : 2018 – 2023Partenaires : GIZ, CCI, FENU et PNUDFinancement: Union européenneBudget: 35 millions d’eurosJeunes soutenus par Enabel :Jeune âgé de 18 à 35 ansJeunes sans emploi avec peu ou pas de formation professionnellePersonnes migrantes de retour
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