Face à la dégradation croissante des terres, le Niger a
lancé des initiatives ambitieuses pour restaurer ses terres pastorales
dégradées. En 2010, le pays a identifié plus de 10 millions d'hectares de
terres dégradées, avec une perte annuelle alarmante de 100 000 hectares de
forêts et zones humides. Dans le cadre de ces efforts, l’objectif est de
restaurer 4 440 500 hectares entre 2020 et 2030. Cependant, les méthodes
classiques de suivi de ces travaux se sont révélées lentes et imprécises.
Pour répondre à ce défi, le projet Résilience
Agro-Sylvo-Pastorale Ouest Niger (REPO) financé par l'Union européenne (FFU) et
mis en œuvre par Enabel, l'Agence belge de développement a introduit une
innovation majeure : l’utilisation de l’imagerie aérienne par drones civils. Cette technologie permet un suivi plus rapide et plus précis des activités de
restauration des terres. Le projet a travaillé en partenariat avec la société
Drone Africa Service pour former les cadres de la Direction Générale des Terres
et des Forêts (DGT/F) à l'utilisation de drones capables de couvrir 600
hectares en un seul vol, équipés de caméras haute définition et
multispectrales.
Avant l'introduction des drones, les ONG en charge des
travaux de restauration utilisaient le GPS pour un suivi partiel des zones
restaurées, sans vérification précise des ouvrages réalisés. Les drones, en
revanche, ont permis de constater des écarts significatifs entre les travaux
déclarés et les réalisations effectives. Cela a accru l’intérêt pour cette
technologie auprès des ONG et des bénéficiaires.
Grâce à cette innovation, les experts formés par le projet
REPO ont été sollicités par divers partenaires pour réaliser des missions de
contrôle et d’évaluation sur des sites de reboisement et d'autres aménagements.
Ce succès a poussé les partenaires à envisager l’acquisition de nouveaux drones
pour la DGT/F et à développer des processus automatisés d’analyse des images
via l’intelligence artificielle.
Bien que l’utilisation des drones offre de nombreux
avantages, tels que la rapidité et la précision des données géolocalisées, des
défis persistent, notamment la complexité des autorisations de survol et la
maîtrise des logiciels de Systèmes d’Information Géographique (SIG). Malgré ces
limites, les possibilités d’application des drones sont vastes, spécifiquement dans
l’analyse topographique, la surveillance des chantiers et la création d'images
3D.
L'utilisation de drones civils pour le suivi des travaux de
restauration des terres au Niger représente une avancée technologique majeure,
permettant un contrôle plus rigoureux. Les acteurs recommandent de généraliser
cette approche pour améliorer l'efficacité et la transparence des travaux de
restauration des terres dans le pays.
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